Pour résumer :
1878 – Deuxième tournoi international de Paris remporté par Johannes Zukertort durant l’exposition universelle.
Le Français d’origine (Albert Clerc) et d’adoption (Samuel Rosenthal) ne brillent pas et se classent respectivement 9ème et 8ème sur 12 participants.
1881 – Deuxième tournoi national remporté par Edward Chamier, avec un point de règlement qui empêche Samuel Rosenthal de défendre son titre.
1883 – Troisième tournoi national remporté par Albert Clerc.
Ce point de règlement qui empêche Samuel Rosenthal de défendre son titre de « champion Français » en 1881 n’est pas anodin et provoque sans doute des rancœurs.
Les meilleurs joueurs d’échecs Français se déchirent. D’un côté Jules Arnous de Rivière, Albert Clerc et Edward Chamier, tous les trois liés au Café de la Régence, et de l’autre Samuel Rosenthal, qui ne remettra plus les pieds à la Régence, et œuvrera désormais au Grand cercle et cercle des échecs, 16 boulevard Montmartre.
Un peu plus tard, la revue La Stratégie d’août 1889 montre la pauvreté des échecs en France. Seuls une quinzaine de lieux de réunion de joueurs d’échecs existent en France contre plusieurs centaines en Angleterre…
La Stratégie août 1889
Les questions centrales sont alors les suivantes : y-aura-t-il un grand tournoi à Paris à l’occasion de l’Exposition universelle de 1889 ? N’est-ce pas là l’occasion de fédérer les joueurs d’échecs Français autour de ce beau projet ?
Ça semble mal parti, car deux ans après l’incident du match Paris Vienne par correspondance, nous sommes en 1886 et voici deux exemples de ce qu’écrit Jules Arnous de Rivière dans le journal Gil Blas, et la réponse de Numa Préti directeur de La Stratégie.
Jean Taubenhaus est arrivé en France en fin d’année 1882. Polonais d’origine il devient très vite une figure marquante de la Régence. Il faut lire entre les lignes. C’est véritablement Samuel Rosenthal qui est visé par Jules Arnous de Rivière.
CHAMPION FRANÇAIS
Le beau titre de Champion français ne doit pas être donné, nous dit-on, à un étranger ; si sympathique que soit M. Taubenhaus et bien que sa force aux échecs ait été acquise en France, au café de la Régence, M. Taubenhaus n’est pas plus notre champion que ne l’ont été avant lui les Livoniens, les Polonais, les Autrichiens et les Prussiens qui ont vécu à Paris et qui ont cherché, avec plus ou moins d’astuce, à battre monnaie à l’aide du titre ronflant de Champion français ; mieux vaut nous passer de champion que de hisser un étranger sur la glorieuse plateforme où les Philidor, les Deschapelles, les La Bourdonnais ont fait l’admiration du monde entier par la supériorité de leurs combinaisons.
Ce raisonnement est très juste et inattaquable. Quand donc il nous arrivera de décorer M. Taubenhaus du titre de Champion français, nos lecteurs voudront bien entendre que nous cédons par courtoisie à l’usage, abusivement introduit dans plus d’un pays, de considérer comme champion le joueur qui parait dans un tournoi international sous les couleurs de son pays d’adoption. C’est un abus; car si le champion acquiert une grande renommée, il sera réclamé par ses compatriotes comme appartenant à leur nationalité ; si, au contraire, ce champion ou soi-disant tel, est boulé d’une façon ridicule — ainsi que cela arrive fréquemment — ses nationaux s’empresseront de le jeter à la tête des… Français, trop hospitaliers.
Gil Blas 13 septembre 1886 – Retronews
Dans cette chronique du journal Gil Blas, Jules Arnous de Rivière publie une partie d’échecs avec ses commentaires.
Il glisse alors un mot au sujet de la partie et fait des allusions marquées à Samuel Rosenthal qu’il qualifie « d’individualité absorbante ».
Malgré l’ennui qu’on éprouve à rencontrer presque à chaque page de « la Stratégie » le panégyrique ou les analyses d’une individualité absorbante, ce périodique rend des services réels et deviendra avec le temps moins exclusif. Après tout, M. Preti est maitre chez lui, et il se lassera d’accorder tant de latitude pour aboutir c’est forcé — à la monotonie.
Depuis quelque temps M. Arnous de Rivière, sous le pseudonyme Martin Gall, publie chaque semaine dans le Gil Blas qui porte la date du lundi, une intéressante colonne d’échecs que nous recommandons à l’attention des amateurs.
Bref, à trois ans de l’Exposition universelle de 1889 la concorde et l’union n’est pas vraiment là….
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