Une belle photo de la reconstitution du Turc mécanique de Wolfgang von Kempelen.
J’ai trouvé cette photo ici
Après l’intéressante description du déroulement de l’attraction, on apprend que les places du spectacle doivent être achetées auprès du propriétaire du Café de la Régence de l’époque, François Haquin.
En 1783, c’est Philidor qui est le maitre du Café de la Régence. Et ce M. Anthon connait sans aucun doute la réputation des joueurs d’échecs à la Régence et il y cherche peut-être un compère pour animer son automate, avec la complicité du propriétaire des lieux. Le lien est en tout cas troublant.
La représentation a lieu à l’Hôtel d’Aligre, rue d’Orléans Saint-Honoré (rue aujourd’hui disparue), ce qui n’est pas très loin du Café de la Régence, sans doute trop exigu pour accueillir une cinquantaine de spectateurs dans de bonnes conditions.
Journal de Paris – Vendredi 18 avril 1783 – Retronews
M. Anthon vient d’arriver de Vienne avec la fameuse machine qui joue aux échecs, dont il a été question dans plusieurs journaux. Il offre de la montrer à tous ceux qui seront curieux de la voir, et il annonce que cet Automate, Joueur d’échecs, représente une figure d’homme de grandeur naturelle, habillée à la Turque, et assise derrière une commode, sur laquelle est placé l’échiquier ; Il joue une partie aux échecs avec la première personne de la compagnie qui se présente.
Avant que de commencer la partie, M. Anthon ouvre toutes les portes de la commode pour en faire voir l’intérieur, dont la plus grande partie est composée de rouages, leviers, cylindres, cadrans, ressorts, etc. ; les portes refermées, l’automate commence la partie ; il porte la main sur une des pièces, la saisit des doigts, la transfère sur une autre case, l’y lâche, et retire sa main pour la reposer sur un coussin qui se trouve près de l’échiquier ; s’il donne échec, il en avertit son adversaire en faisant signe de la tête trois fois si c’est au Roi, et deux fois si c’est à la Reine ; si son adversaire, soit par inadvertance, soit par dessein, fait une fausse marche, il secoue la tête, prend la pièce mal jouée, et la remet à sa place ; mais alors le coup de l’adversaire est perdu, parce que l’Automate joue son coup immédiatement après.
Si de part ou d’autre l’on donne échec et mat, et si ensuite l’on voulait encore jouer un coup, il refuse de jouer en secouant la tête.
La partie finie, il fait la marche du cavalier de la manière suivante : après que l’on a ôté toutes les figures de l’échiquier, quelqu’un des spectateurs prend un cavalier, le met sur une case qu’il choisit à son gré ; aussitôt l’Automate le prend et parcourt toutes les soixante-quatre cases, en montrant chacune avec le cavalier, et sautant du blanc au noir et du noir au blanc, sans venir deux fois sur la même case, de quoi l’on peut s’assurer, en marquant, d’un jeton, chaque case sur laquelle il a été ; revenu à la première case, dont il est parti, il y lâche le cavalier et retire sa main.
Après la partie d’échecs, les spectateurs font des demandes à cet Automate, auxquelles il répond en montrant sur une table d’alphabet, les lettres qui, prises ensemble, forment la réponse. Cet Automate se verra, pour la première fois, le Lundi 21 de ce mois et les jours suivants. Il jouera deux fois par jour ; savoir, à midi et à cinq heures du soir, à l’Hôtel d’Aligre, rue d’Orléans Saint-Honoré. L’entrée est à six francs par personne.
L’on est prié d’observer les heures ci-dessus fixées, sans quoi l’on manquerait de voir l’intérieur de la commode, qui est une des choses essentielles, et qui ne se montre plus après le jeu.
Si quelques personnes de distinction désirent venir voir l’Automate et s’unir un certain nombre à cet effet, M. Anthon sera prêt à les recevoir hors des heures fixées, pourvu qu’elles l’en fassent prévenir la veille.
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